dimanche 8 mai 2016

introduction au fragment de l'Evangile de Mélusine

  1. Manuel
    Permettez que j’abandonne pour un moment ma tenue de samouraï toréador, d’anarchiste maoïste andalou. J’aimerais entretenir la question du délire de prostitution à la manière délavée de Claude Maillard, oratrice, psychanalyste, poète, amie de Derrida, qui sait faire comprendre en profondeur avec la musique des oiseaux.
    Je comprends que s’attaquer physiquement à l’exploitation (en ce cas des femmes) doive se faire un peu comme dans le Bhaghavad Ghita, se détachant du mal qu’on fait à l’ennemi. Ebranler des hommes. A cela consiste toute révolution. Le délire s’arrête d’une claque. Et c’est fini de taper les femmes. C’est fini de donner des ordres. Et quand même il y a sexe dedans, il y a mystère plus que jamais auparavant.
    Un roman qui soit pas anodin n’est pas souhaitable. Ce que je fais n’est pas souhaitable. Quand je me mets à écrire je suis moi aussi en train de bombarder la ville martyre de Homs, ou je suis une bombe sur laquelle j’ai eu le cynisme d’écrire : “ça tombe bien”. A cause de mon éducation je me suis toujours enfoui devant les responsabilités, et en dernier ressort les plus profondes. Je me suis martelé un regard d’acier en me disant que la “laideur morale” n’était pas mon affaire, que je ne serais jamais touché et même j’ai fait en sorte d’exclure toute trace de sa présence de mon vocabulaire, ou de l’investir d’un masque de justesse, justice et je suis allé jusqu’à la consacrer en tant que sublimation.
    Chaque soir Marie fît goûter à Joseph, qui lui léchait la vulve, le sperme de Dieu coulant du creux de son vagin, les lèvres de lui serrés comme dans un pudique baiser. Cela lui fît répugnance d’après-coup, et il conçut la haine de ce sperme, mais la musique des sphères se fît entendre dans son esprit et l’apprît à persister sans violence.
    Evangile de Mélusine

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